dans une certaine mesure être lu sous l'angle du " déprimisme ", il s'en distingue cependant par la manière. Laissant envisager sur ce terrain d'autres voies possibles. Trois ans se sont écoulés depuis " le Sang des ruches ", le précédent roman de Violaine Massenet. Mais on imagine qu'il fallait bien ce long temps d'incubation, pour que vînt à terme " Frère de sang ", un nouveau livre âpre, qui secoue rudement. Présent dans les deux titres, le sang ne s'y affiche évidemment pas par hasard. Il renvoie à une thématique foncière, en fait présente depuis les débuts chez la romancière. Qu'il s'agisse du sang transmis en legs par les parents, métaphore d'un héritage complexe, parfois trop lourd, à assumer. Qu'il s'agisse de celui qui rythme la vie, ici toujours indissociablement éprouvée comme chance et douleur d'être. Ou de celui qui s'écoule d'un corps, quand survient une blessure, une naissance, un crime. Bref, tout ce qui, parti de lointaines régions intérieures,oakley homme, vient précisément refluer dans ce dernier texte, en une manière de sourde violence des faits et des mots. Le récit s'articule en deux parties, correspondant à deux journées d'un procès d'assises, à Bobigny. Un homme encore jeune y comparaît. Un soir de l'été 1993, dans le pavillon familial de Villemomble, il avait tué sa mère de vingt-sept coups de couteau. Une universitaire,lunettes oakley, spécialiste des questions juridiques liées aux nouvelles problématiques sociales, assiste aux audiences. Placée aux premiers rangs du prétoire, elle assure ici le rôle de la narratrice. Autant pour tenir la chronique des audiences qui se succèdent que pour faire venir, dans les interstices qui ne cessent de s'ouvrir au fil des témoignages et des dépositions, deux histoires que rien d'abord ne semblait rapprocher: celle de l'accusé évidemment, mais aussi la sienne propre. Au début de son récit, elle se rappelle une vision qui s'était un jour imposée à elle, au bord du canal de l'Ourcq: " les tags qui ornent les murs d'une usine en friche ressemblent à des inscriptions funéraires, destinées à des tombes géantes qu'aucune mémoire ne peut plus visiter ". Sous ce qui prétend signifier le grouillement de signes d'une certaine vie, c'est une image de mort qui se laisse en fait deviner. Une lecture pas vraiment surprenante, chez cette femme qui venait tout juste de perdre l'enfant qu'elle portait. Ce qu'elle voyait se dresser aussi devant elle, c'était l'image prémonitoire du bloc hermétique, de l'énigme, qui la forcerait à s'interroger pendant les deux journées de Bobigny. Car très vite le soupçon d'une analogie entre la perte de l'enfant et le meurtre de la mère s'est imposé à elle: en découvrant les détails de la vie de l'accusé, en cherchant à démêler ses motivations, en lui prêtant des sentiments, des doutes et des désespoirs qu'elle-même a dû éprouver, c'est également sur une douleur personnelle qu'elle doit faire retour. Violaine Massenet dépiste et suggère ici avec une finesse extrême une sorte de noud étouffant installé au cour de l'être, en partie légué par les prédécesseurs dans la lignée: " ce sont les familles qui détiennent les clés de nos vies ". Si l'on ajoute que l'accusé s'appelle Claude Leurre, comme pour mieux signaler l'illusion d'une véritable ligne de démarcation entre ceux qui passent à l'acte criminel,oakley femme, ceux qui ne cessent de le refouler sous les dehors de la normalité et ceux qui, telle la narratrice, s'imputent une prétendue culpabilité, on voit la pluralité des sens qui viennent ici confluer. Claude Leurre laisse d'ailleurs rapidement entrevoir, dans les arrière-plans de son crime, une enfilade d'histoires conduisant à la scène primitive qui n'a sans doute jamais cessé d'obscurcir son horizon. Sa mère était née en Pologne, entre les deux guerres. Plus tard elle avait émigré en France. Mais elle ne s'était plus jamais séparée d'un terrible souvenir de son bout de terre natale: une " chaussette remplie de cendres, mêlée de boue, prélevée au pied de la cRelated articles:


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